Carnet de route

Biodiversité sur terre comme au ciel
Le 21/03/2023 par Laurent TROTIGNON
A contre courant des promeneurs du dimanche, nous remontons le sentier rouge au départ du col des Portes et en direction du Pic des Mouches. Equinoxe et nouvelle Lune sont de bons ingrédients pour aller observer le coucher de Soleil sur la montagne. La couche nuageuse se fragmente peu à peu et les éoliennes de Pourrières, telles de grandes marguerites dénudées de leurs pétales, éclairées de biais, capturent paresseusement quelques watts renouvelables.
Pénuries de carburant, concurrence des raquettes, genoux bloqués … Nous ne sommes finalement que six rescapés à nous être retrouvés pour ce demi bivouac. Au passage, je révèle à mes compagnons la position du Garagaï de Cagoloup, tapi dans la garrigue sous la crête. A l’arrivée sur le fil de l’arête, soleil dans les yeux clignant, nous apercevons dans le versant Sud un premier mouflon ce qui ravit Marie-Ange, notre experte en biodiversité, ainsi que Céline, Gaëtan, Délia, Delphine et votre serviteur. Tournant le dos au Soleil, l’éclairage rasant nous révèle alors une harde d’une quinzaine d’animaux en train de pâturer en contre-bas. Ils nous observent et ne fuient pas, nous nous éloignons vers le sommet, ils restent tranquillement à leurs affaires en jetant de temps à autre un regard vers nous.
Le Soleil est maintenant en phase d’approche au dessus de l’Etang de Berre. La nappe liquide renvoie l’image étirée et plus rouge d’une deuxième étoile. Les rayons lumineux se fraient agilement un chemin entre les nuages et semblent sortir de toutes parts derrière le Baou des Vespres qui fait le gros dos.
L’anémomètre vrombit sous le vent de Nord Ouest, nous descendons à l’abri en versant Sud et ouvrons les sacs alors que lentement la luminosité baisse. Des nuées, sortes de draperies grises s’étirant dans le ciel, s’interposent entre Sainte Victoire et le ciel étoilé. Nous patientons en dînant et finalement une première étoile se montre. Orion fait une brève apparition mais se cache à nouveau. C’est en repartant vers le col des Portes, juste avant la forêt, que nous pouvons enfin observer la biodiversité du ciel, Grande Ourse, Petite Ourse, Grand Chien, Taureau et les merveilleuses Pléiades qui sont observées aux jumelles. Sans oublier Vénus entraînée vers l’horizon à la poursuite d’Apollon.
De retour aux voitures, mes compagnons me font observer qu’on peut tout simplement observer le ciel du col, à l’abri du vent. Certes, mais pourquoi faire simple quand on peut en plus voir les mouflons de Sainte Victoire, la rivière d’or de l’autoroute A8 et les clignotants rouges des éoliennes de Pourrières ?