Carnet de route

Le Trainon et sa forêt magique

Sortie :  du

Le 25/02/2019 par TROTIGNON Laurent

De Peyruis à Sisteron, puis jusqu’au défilé de Pierre Ecrite, la brume nous enveloppe et ne nous lâche pas. Mais à Saint-Geniez (1100 m), notre point de départ, il fait grand beau temps. Le village, blotti autour de son église, se réveille, nous faisons de même, autour d’une tasse de café fumant. Rapidement l’équipe, Michèle, Claudette, Christine, Guy, Eric, Nadine, Iris, Delphine, Denis, Michele, Catherine, Marie, Nadegda et votre serviteur, est à pied d’œuvre, à l’assaut du Pas de l’Echelle. Cette première, courte, étape nous ouvre l’accès à une arête bossue permettant de nous diriger vers le Trainon (1654 m). Elle nous ouvre aussi un panorama superbe, mers de nuage sur la Durance et le Sasse, marche dans le ciel en compagnie des premiers crocus et du Pic de Bure. Les pentes dominant Saint-Geniez au Nord sont exploitées par une école de parapente. Il est encore trop tôt, les thermique ne sont pas établis, nous les verrons au retour.

Nous avançons sous le sommet du Trainon puis rejoignons son arête Sud-Est grâce à un sentier en balcon, au milieu des genêts. Les crocus de mauve sont devenus blancs. Au loin apparaissent les Crêtes de Geruen, puis les Monges.  La Montagne de Jouère nous barre en partie l’horizon Nord sans pour autant empêcher les hauts sommets des Ecrins de se montrer. Au Sud, nous voyons parfaitement la Chapelle et le Rocher de Dromon.

Arrivés au sommet vers 11h15, il est encore trop tôt pour le repas, mais l’encadrant octroie une bonne pause au groupe. Nous redescendons vers la ferme de Theous (1312 m) nichée dans le vallon de l’Aurillane, au Nord du Trainon. Une traversée dans une sorte de steppe d’herbe jaunie, pâturage à moutons actuellement déserté, immense espace où nos pensées s’envolent tandis que nous nous abreuvons de lumière. L’Aurillane est franchie d’un bond et nous piqueniquons enfin, sans oublier une bonne sieste.

Nous abordons maintenant la seconde partie de notre périple, et déjà quelques remarques se font entendre, concernant cette fameuse forêt magique. Une pointe de curiosité, d’impatience ou de scepticisme … Il est vrai que jusqu’ici nous n’avons pas vu de forêt, quelques pins clairsemés tout au plus. Je sens qu’il va falloir ne pas décevoir, ne pas être en deçà d’une attente forte, être au niveau. Cette forêt, je l’ai découverte par hasard, comment la faire découvrir à d’autres ? Peu après la ferme ruinée de Gigouret, notre chemin se faufile vers le ruisseau. Au fond de l’ubac, ce dernier est couvert d’une croûte glacée épaisse. En deux pas, l’Aurillane est à nouveau franchie. La sente, délicate car couverte d’une croûte gelée, monte en écharpe, les premiers hêtres se montrent. En face, le village de Valavoire se prélasse au soleil. J’informe mes compagnons que nous arrivons à l’entrée du domaine sacré. Un hêtre gigantesque en borne l’accès. Une de ses branches s’est abattue sur le chemin et nous devons nous faufiler dans le taillis pour rejoindre une futaie plus clairsemée. Une énorme faille ouvre la montagne sur notre gauche. Un peu plus loin, nous pouvons aussi deviner un effondrement sur la droite. Nous progressons sur cette tranche d’ubac, sur laquelle un peuplement de hêtres gigantesques s’est installé. En cette saison, à cette heure du jour, les rais du soleil arrivent sans peine au sol. Nous nous regroupons pour une pause au pied d’un de ces géants, vénérable autant qu’un baobab africain. Les uns touchent l’écorce, les autres se blottissent contre l’arbre ou s’allongent sur une branche basse, nous devenons tous des chamanes. La forêt magique. Un bois de mélèze lumineux, puis une piste dans un peuplement de jeunes hêtres nous ramènent au Pas de l’Echelle et au village. Les parapentes virevoltent. Coup de chance, la terrasse du village, ensoleillée, est ouverte. Nous faisons aussi le plein de miel, d’œufs, de fromage et de yaourts de brebis. Le défilé de Pierre Ecrite nous ramène au monde profane, peuplé d’autoroutes, de péages et de clignotants. Nous en faisons partie aussi, mais maintenant nous connaissons le chemin de Saint-Geniez et de sa forêt magique.

Merci à Eric pour le suivi GPS avec IPHIGENIE.

Distance: 17.5 km (marche effective ~5h30)

Dénivelé : +920 m

Info pratique: il y a à Saint Geniez un gite : Le Dromon, 12 place, 1/2 pension, ouvert toute l'année (04 92 64 15 64 ou 06 42 19 96 21). Le secteur a aussi un excellent potentiel pour les randonnées en raquette.