Carnet de route
Retour à la Montagne de Boules
Le 08/07/2019 par TROTIGNON Laurent
Tonnerre de Brest ! Nous remontons la piste de Tercier, où nous devons retrouver Brice et Maurice à 8h, sous les bourrasques, les grondements et les éclairs. Le nuage noir qui coiffe la Montagne du Carton dirige vers le sol de sombres tentacules. Les essuie-glaces entrent en action, on dirait que Lord Voldemort va sortir de son tombeau, je n’ai pas la baguette magique de Harry Potter dans mon équipement … J’avais bien repris la météo hier soir et encore ce matin à 6h00 : beau temps ! Maurice et Brice nous attendent sur le parking habituel, juste avant le hameau. Il est décidé de redescendre à l’Auberge des 3 Evêchés à Prads pour prendre un café. Brice et Maurice ont dîné et dormi la veille à l’Auberge. La patronne n’est pas surprise de les voir revenir. Nous réquisitionnons les croissants et commandons des boissons chaudes, tout en comparant les prévisions de différents sites météo.
Je me sens un peu frustré, et dupé par ces prévisions fantaisistes. Mais comme le dit Epitecte, parmi les choses qui existent, certaines dépendent de nous, d’autres non. Faisant mon miel de cette parole sage, écoutant avec plaisir les conversations entre mes compagnons et la patronne, je bois avec philosophie le chocolat chaud qui est arrivé devant moi. Vers 9h, nous risquons un œil vers le ciel : tout a changé, les nuages se sont enfuis, grand beau temps, les oiseaux chantent. A nouveau nous changeons de plan : remontée vers Tercier et en marche vers le Col de la Baisse, la canicule aixoise ne nous reprendra pas tout de suite.
Depuis avril et notre dernière incursion dans le secteur, l’herbe a poussé de façon incroyable. Les parcs à moutons sont prêts pour l’estive mais nous sommes seuls dans l’alpage. A partir du Col de la Baisse (1758 m), nous remontons vers l’Est les pentes herbeuses raides qui donnent accès à l’arête Nord-Ouest de la Montagne de Boules. Malgré cette belle éclaircie, le temps reste orageux et les taons nous agressent en permanence. Un nouveau front nuageux apparaît d’ailleurs vers le Sud-Ouest, combien de temps la fenêtre météo restera-t-elle ouverte ?
Remontant l’arête, nous trouvons vers 2150 m une plaque commémorative d’un accident d’avion en août 1964, trois noms gravés et aussi ce qui ressemble à un morceau d’aile. Un escarpement rocheux facile est traversé et nous accédons aux prairies sommitales de la Montagne. Comme pour Sainte Victoire, le sommet forme une échine assez plate, avec un versant abrupt et un autre assez rond, il est un peu difficile de déterminer où se trouve le point culminant. Un cairn érigé acquiert de facto cette qualité. Malgré le vent de 40 km/h, des nuages de taons aux yeux verts nous harcèlent. C’est aussi pour nous l’heure du pique-nique, donné un peu plus loin dans une contre-pente sous le sommet. Brice et Maurice ont pris leur repas à l’Auberge, et à vrai dire, il ne reste rien à apporter, pour compléter le festin qu’ils sortent du sac : salades gargantuesques, melon à point, épaisse tablette de chocolat, oranges, couverts, … Delphine a préparé un thermos de café, tout est parfait sur la Montagne de Boules où quatre Cafistes heureux font la sieste.
La descente vers le Col de Chalufy (ou de Vachières, 2034 m) s’effectue vers le Nord-Est dans des pentes herbeuses. Vient ensuite un passage pittoresque du circuit proposé, la traversée des robines situées sous le Sommet de Denjuan. Ces terres noires ravinées sont en général de parcours délicat voir impossible, pourtant un passage astucieux y est tracé, qui ne figure sur aucune carte. L’objectif est d’atteindre la Cabane Basse de Vachière (1707 m). Pour y arriver, un contournement vers le Nord est ensuite nécessaire car le vallon est barré par plusieurs cascades. Des ruisseaux aux vasques accueillantes sont traversés. Maurice voudrait absolument s’y baigner, mais la fenêtre météo est train de se refermer : l’orage est de retour. Un passage délicat reste à trouver, l’issue qui nous permettra de sortir du vallon de l’Aune où nous sommes enfermés. Le torrent forme rapidement un canyon difficile à traverser, il existe un seul passage facile mais il n’est pas indiqué, je le sais pour m’être déjà perdu dans le secteur. Les herbes sont très hautes, il commence à tomber de grosses gouttes, nous sommes tous un peu fatigués. Il nous faudra tâtonner quinze minutes avant de retrouver l’issue salvatrice, le chemin qui nous ramène d’abord à Faillefeu puis à Tercier. Où le beau temps est revenu ! Ainsi la Montagne de Boules, compagne d’Eole, Jupiter et Apollon, ne se laisse pas approcher sans cérémonie !
De retour à Prads, nous devisons avec la patronne de l’Auberge. Ici, pas d’orage de la journée ! Maurice et Brice ont décidé de rester une journée de plus dans le secteur, il faut dire que la cuisine de l’Auberge est réputée.
Photos L. Trotignon
Durée avec les pauses : ~8h30, D+ : 1150 m, Distance : environ 17,5 km.





