Carnet de route

Sud Ecrins - La Tête de Couleau

Le 18/10/2019 par TROTIGNON Laurent

La Tête de Couleau (3038 m) n’est sans doute pas un sommet majeur des Ecrins, mais c’est le « plus de 3000 m » le plus méridional du massif. Le vallon de Couleau qui permet d’y accéder est également un endroit sauvage et attachant. Lorsque vers 7h30, partant de Saint-Clément, nous remontons la piste qui y donne accès, l’aventure commence. Les voitures arrivent à franchir un, deux, trois gués mais au quatrième il faut renoncer. Les récents orages ont rempli les radiers de ciment d’un sédiment meuble dans lequel les roues s’enlisent. Nous sommes donc contraints de nous arrêter vers 1300 m d’altitude, 3 bons kilomètres avant le parking visé. Remontant la piste à pied, nous arrivons au Pré du Plaï et à la passerelle qui franchit le Couleau. Cette dernière semble danser le twist, il vaut mieux traverser à gué, c’est plus sûr !  Nous remontons maintenant les pentes au-dessus de la rive droite du torrent dans un bois de feuillus mêlés aux conifères. Ce vallon est plus froid que les pentes du Mont Guillaume où nous étions hier et les couleurs de l’automne sont sorties. Le sentier se faufile au pied des falaises de flysch, dans lesquelles s’accrochent des mélèzes, puis escalade un ressaut par des rampes taillées dans le roc. Nous arrivons à l’entrée du vallon de Méan que nous remontons maintenant dans un bois de mélèze, dominant le torrent que nous entendons couler au fond d’une gorge. Certains mélèzes sont d’un âge canonique ainsi qu’en témoigne leur tronc conique.

Compte-tenu de notre départ à plus basse altitude que ce que j’avais prévu, l’amplitude de la randonnée à la Tête de Couleau est sensiblement augmentée. Notre seul atout, combiné à une bonne météo, est d’être parti tôt. Le risque est de vouloir aller trop vite au but : nous sommes dans un travail d’endurance. C’est pourquoi, jusqu’à la cabane de Méan (2130 m), j’impose au groupe un rythme de marche très lent et régulier combiné à des pauses toutes les heures. Au-dessus de la cabane, les grands espaces du vallon de Méan s’ouvrent : dans un cirque allongé bordé de murailles aux centaines de strates parallèles, nous gravissons maintenant des épaules herbeuses entre lesquelles se cachent des lacs asséchés. Des moutons nous ne retrouvons que quelques ossements blanchis que Sébastien collecte afin de d’accroître la collection de son fils, futur paléontologue. Le vallon de Méan monte progressivement vers le Nord-Ouest jusqu’à atteindre vers 2520 m d’altitude la limite des éboulis. Nous voyons maintenant très bien le sommet visé et le chemin à suivre : remonter les éboulis jusqu’à un col à 2775 m puis suivre l’arête vers le Nord-Ouest.

Plusieurs participants du groupe n’ont pas l’expérience de ce terrain raide, un peu croulant, hors sentier. Mais ils apprennent vite et puis l’arrivée au col est déjà une belle récompense. Les drapeaux marquant la limite du Parc National constituent maintenant le balisage à suivre. A part un passage un peu plus escarpé, la parcours d’arête ne présente pas de difficulté, il faut juste être patient et comme depuis ce matin, marcher lentement. Des vautours sont venus voir ce qu’il se passe sur la Tête de Couleau : une affluence inhabituelle, ces randonneurs seraient-ils potentiellement de futurs repas ?

Et voici le sommet, je félicite tous les marcheurs du groupe, une belle performance ! (1800 m de D+ en 6 heures tout de même). Le ciel, un peu nuageux ce matin, s’éclaircit franchement, le vent mollit. Des sommets de la Vanoise se montrent, loin au Nord ;  nous dominons le lac du Distroit, les grands sommets des Ecrins se dévoilent. Tout proche, Vautisse et Rochelaire, cimes cousines de la Tête de Couleau. C’est vers l’Est que la ligne d’horizon est la plus nette où nous retrouvons les sommets aperçus hier depuis le Mont Guillaume. Le Mourre Froid et la pointe de Serre sont maintenant à l’Ouest, de futures randonnées ?

Le repas pris, un court trajet sur l’arête sommitale nous amène vers le sommet d’un grand et raide éboulis qui sera notre voie de descente. Pour éviter tout risque, rassurer et encadrer les personnes peu à l’aise dans ce terrain, j’organise une progression groupée qui nous dépose sains et saufs au sommet des alpages où je lâche la bride à mes troupes. Le soleil quitte peu à peu le vallon, je change les plans du retour : au lieu de revenir par le vallon de Fouran, ce qui aurait nécessité environ 100 m de montée à ajouter aux 1800 déjà effectués, nous reprenons le chemin suivi à l’aller. Nous arrivons aux voitures vers 19h, près de 11h après le départ, il nous semble que c’était hier …

Theresa et Clara semblent ravies, Sébastien a fait une ample provision d’os de mouton pour son fils et le plein d’idées pour de futurs bivouacs, Fanny et Cathy ont aussi le sourire, Nadine n’a plus mal au tendon et garde sa bonne humeur, Bruno et Daniel sont également satisfaits de cette incursion « into the wild ». Que demander de plus ?

Dénivelé : 1800 m D+

Distance : 24 km

CLUB ALPIN FRANCAIS AIX EN PROVENCE
MAISON DES ASSOCIATIONS
1 RUE EMILE TAVAN
13100  AIX EN PROVENCE
Contactez-nous
Tél. 04 42 27 85 65
Permanences :
jeudi 19:00 - 20:00 (Permanence fermée pendant les vacances scolaires)
Agenda