Carnet de route
Lever de soleil au Pic des Mouches
Le 08/12/2019 par TROTIGNON Laurent
Sortie du 8 décembre 2019
Certains diront que nous sommes fous. Mais n’est-ce pas un privilège que de marcher à la lumière des frontales sur les épaules de Sainte Victoire ? A cet instant où nous quittons l’oratoire de Malivert, un liséré gris pâle ourle l’horizon vers le Var. Nous venons d’assister au défilé incroyable de dizaines de satellites, orbitant du Nord vers le Sud, évoquant une invasion venue du cosmos. Ces points lumineux bien alignés n’ont pas le charme des bonnes vieilles étoiles qui nous font des clins d’œil entendus. Engagés sur le chemin qui suit la crête de la montagne vers l’Ouest, nous avons bien chaud sous nos polaires: malgré le ciel limpide, il ne gèle pas et le vent est très faible.
Au sortir de la forêt, la lisière du ciel est devenue rouge et nous pouvons bientôt éteindre les frontales. Le vent nous rappelle gentiment qu’il est ici chez lui ; la petite girouette des parapentistes signale l’arrivée au sommet, vite nous nous réfugions sous la crête, sur des gradins irréguliers qui sont les places réservées à ces fous qui préfèrent les rochers et les touffes de thym à leur couette et leur oreiller. Il est 7h10, juste 45 minutes avant le lever du soleil. Mais le spectacle a déjà commencé, rien n’arrête la rotation du monde ni la palette de bleu, de gris, d’or, de rose, de rouge, de blanc qui l’accompagne. Ces instants préludes à la venue de la lumière, nous les rêvons dans le calme d’une gorgée de café. Ou alors nous essayons d’en saisir l’insaisissable essence dans des rangées de pixels rangées au fond de nos appareils photos.
Avant il n’était pas là, mais maintenant le voilà : il a crevé le haut d’un nuage et montre sa calotte en fusion. L’Estrop, les Ecrins, Lure lui répondent de leurs dômes gelés. Nous restons encore un moment à suivre la marée montante des photons, le reflux sur la Trevaresse du cône d’ombre du Pic des Mouches, l’écoulement visqueux des brumes dans le défilé de Mirabeau.
La descente vers le col des Portes par le sentier rouge nous offre encore une belle prolongation, l’horizon Nord enneigé, des Ecrins au Val d’Allos et les immenses forêts du Var.
Merci à Nadège, Marie-Claude, Delphine, Héloïse et Thierry de m’avoir fait confiance pour partager cette aventure, au prix d’un réveil très matinal !





