Carnet de route
Crête de Vaumuse
Le 01/06/2020 par TROTIGNON Laurent
C’est une montagne discrète, entre Duyes et Vanson, abritant des chapelles rustiques, portant sur son dos une forêt de charmes, de hêtres et de chênes, enracinée dans les Basses-Alpes. A la lumière de ce matin de Pentecôte, partis du hameau de Beaucouse, nous ouvrons un chemin dans les hautes herbes mouillées par l’orage de la veille. Longeant une lisière, nous contournons un champ de lavande en bouton puis gravissons l’arête régulière qui monte vers le Nord-Ouest. Les montagnes de Digne se montrent, le Cousson, la Barre des Dourbes, la Bigue et au Sud, la vallée de la Durance, autoroute vers la Crau pour les galets roulés depuis les Alpes. Partout des fleurs, lys de Saint Bruno, genêts, orchidées, bragalou attendant la chaleur pour s’ouvrir.
Le chemin fait un crochet vers la chapelle Saint Joseph abritée sous un énorme tilleul. Attenant à la chapelle, un refuge en cours de restauration, un aiguier souterrain et les traces récentes des moutons qui ont passé la nuit à proximité. Marie-Hélène, un peu taquine, nous surprend en faisant tinter la cloche. Après une pause contemplative, nous montons sur l’arête qui file vers le Nord. Les clairières succèdent aux hêtraies et, peu avant le sommet de Vaumuse (1438 m), nous rattrapons le berger accompagné de trois border colley et de ses 400 moutons. Un peu plus loin, un patou timide vient nous reconnaître prudemment avant de nous laisser passer. Peu après le sommet des Vautes, une clairière idéale pour le pique-nique se présente, le gros nuage qui bourgeonne au-dessus de l’arête finit par s’écarter, nous pouvons tomber les polaires et étendre les chaussettes humides dans l’herbe. La pause d’une bonne heure est consacrée pour moitié à se restaurer et en outre, à une excellente sieste, en compagnie des papillons et des ascalaphes.
La météo semblant meilleure que prévue, je propose à mes compagnons de poursuivre notre marche sur l’arête en direction du sommet du Corbeau. Cette partie de la randonnée est peut être la plus belle de la journée. Après un bois de cytises en fleurs, la vue se dégage vers Sisteron et la vallée du Jabron à l’Ouest , vers le Trainon, Geruen et le Blayeul au Nord. La fabrique de la montagne est un conglomérat de galets et il faut faire attention aux ravins très raides qui dévalent vers le Vanson. Réunis pour admirer le paysage, à distance réglementaire les uns des autres, une légère brise souffle pendant que Thierry prend une photo du groupe. Un planeur survole l’arête, décidément le temps reste au beau. Notre marche nous a conduits aux bornes d’un monde que nous ne pourrons atteindre, le planeur s’y aventure et se dissout dans les nuées au dessus des Monges.
De retour aux Vautes, nous bifurquons à gauche pour descendre vers la ferme du Haut Colombier. Une fleur étrange attire notre attention : il s’agit d’une orobanche, vampire sans chlorophylle qui suce un arbre à la moelle. Puis la piste de galets se déroule en pente douce, inconfort des chevilles, dans un paysage somptueux. Des chevaux en liberté nous regardent passer, nous arrivons dans le vallon à la ferme de la Glaudone où nous grappillons, en bord de route, quelques cerises, avant de franchir à gué le ruisseau de Valesriche et de remonter jusqu’au château de Beaucouse.
Thierry, Marie-Hélène, Carine, Gérard, Delphine, pas un de mes compagnons ne regrette s’être levé si tôt pour venir en cette vallée et sur cette crête. La bonne humeur a présidé à cette journée que nous espérons augurer d’une belle saison de randonnée.
Distance : environ 20 km pour 1080 m de dénivelé (données Garmin de Gérard).





