Carnet de route
Montagne de Mare
Le 07/06/2020 par TROTIGNON Laurent
Thierry, Dominique, Cécile et Cécile, François, Olivier, Bruno, Daniel et votre serviteur, neufs CAFistes masqués passent ce samedi matin la barrière du péage à Pertuis et s’échappent vers les mystérieuses montagnes de la vallée du Jabron. La météo est excellente, courte accalmie entre deux épisodes pluvio-orageux. Une halte effectuée à Noyers-sur-Jabron permet à Bruno d’acheter son pique-nique. Les voitures sont ensuite stationnées au-dessus de Saint-Vincent, peu avant le hameau d’Aubard, vers 850 m d’altitude. Elevages d’agneaux de Sisteron, école d’arts martiaux et de méditation, le petit hameau semble vivant et bien entretenu. Taillée à la tronçonneuse dans un énorme tronc de chêne, une sculpture dressée marque le début du sentier. Le versant Sud de la montagne est planté de buis, de genêts, de chênes blancs vénérables, d’aubépine et de thym en fleur. Têtue, la sente nous élève vers le col de Verdun (1316 m), heureusement plusieurs stations ombragées nous permettent de souffler et de nous acclimater, puis avec l’altitude viennent un peu de fraîcheur et d’air. A proximité du village d’Eourres, nous évoquons Pierre Magnan, natif de Manosque et grand amoureux des Basses-Alpes, écrivain, romancier. Laure du bout du monde, raconte l’histoire d’une enfant née à Eourres, luttant dès la naissance pour sa survie et s’émancipant à la force de son caractère.
Nous obliquons plein Est et attaquons les derniers contreforts de la Montagne de Mare. La caravane s’étire un peu, François et Dominique en serre-file, Daniel, Bruno et Cécile en avant-garde. La citadelle est enfin vaincue, la prairie couronnant le sommet Ouest (1603 m) sera notre salle à manger éphémère. Un tour d’horizon nous emmène du Chiran, au Sud-Est, au Cheval Blanc à l’Est, nous devinons entre des nuées l’Estrop et la Chaîne de la Blanche, l’Ubaye, le Queyras, la vallée de la Durance et l’immense massif des Ecrins également accroché par des bourgeons nuageux. Le plateau de Bure ensuite, les montagnes de Lus et, ô divine surprise, la molaire du Mont Aiguille et l’arc du Grand Veymont, puis les Trois Becs dans la régions de Saillans. Très loin à l’Ouest, au-delà de la vallée du Rhône, nous voyons la ligne bleue des Cévennes et du Vivarais, interrompue au Sud par la silhouette du Ventoux, prolongée par le plateau du Vaucluse et l’épine dorsale de Lure qui barre notre horizon méridional. A travers une dépression de cette arête, nous reconnaissons la silhouette familière de Sainte-Victoire.
Le sommet de la Montagne de Mare est un grand alpage suspendu entre terre et ciel, propice au sabbat des sorcières. Nous retrouvons les traces de leurs danses sous forme de champignons énormes dont Dominique fait quelque provision en vue d’une omelette parfumée. La randonnée se poursuit vers le sommet Est (1622 m) puis en pente douce avant de plonger vers le pas de la Faïrotte (1289 m). Nous suivons alors le GR946-GTPA jusqu’à Aubard, faisant provision de brins de thym fleuri, bouclant ainsi cette ronde magique au cœur des Alpes de Haute Provence.
De retour aux voitures, je propose à mes compagnons une petite visite à Volonne, village situé un peu à l’écart de l’autoroute, riche de vestiges patrimoniaux. Nous aurons juste le temps d’admirer les gypseries du château, au centre du bourg, avant de partager le verre de l’amitié dans ce village accueillant puis de suivre à nouveau le fil de la Durance jusqu’à Pertuis.
Distance : 13.5 km – Dénivelé : 800 m – 5h50 de marche sans compter les pauses.
