Carnet de route
Le Laverq en Cent Dalles
Le 07/07/2020 par TROTIGNON Laurent
La semaine dernière, nous étions partis en excursion dans le versant Sud de l’Estrop, à la découverte du village abandonné de Vière. Aujourd’hui, nous remontons le vallon du Laverq, au Nord de cette montagne, d’où dévale impétueusement la Blanche, alimentée par la fonte des neiges et les récents orages. Il a fallu à mes compagnons de sortie se lever très tôt (par décence je ne donne pas l’heure), mais maintenant que nous sommes en train de nous équiper, autour d’un mug fumant, de bons biscuits et des pâtes de coing, un certain équilibre se rétablit entre effort et réconfort. De plus, la météo splendide, rayonnante, détend l’encadrant, détail important pour la bonne marche du groupe. Nous remarquons sur le parking le chantier de construction en cours d’achèvement d’un futur gîte du Laverq destiné à accueillir randonneurs et amoureux de la nature.
Les premiers pas nous amènent à traverser le hameau de Laverq, longeant les vestiges de l’Abbaye chalaisienne et l’Église Saint Antoine. Nous remontons maintenant le vallon par une piste caillouteuse, à l’ombre des Séolanes et de bois de mélèzes. Les torrents et cascades ont un bon débit, tout comme les conversations favorisées par la largeur du chemin. Après une aire gazonnée, le chemin monte vers la maison forestière de Plan Bas. Cette dernière, construite vers 1892, a été une des bases du reboisement du Laverq grâce à l’établissement d’une pépinière produisant des plants de mélèzes, pins à crochets et pins cembro. Tandis que le GR56 file vers le col d’Allos, notre sentier continue plein Sud et se hisse dans le Ravin des Lausas. Face à nous, une cascade spectaculaire dévale une immense dalle de grès. Peu après avoir enfin rejoint une zone plus plate, bien herbeuse, nous sommes adoptés par Louna. Cette dynamique Border Collie se place juste derrière mon mollet droit et m’accompagne comme si j’étais le berger de mes compagnons CAFistes. Elle ne nous quittera plus de toute la randonnée.
J’ai réservé une surprise au groupe : je propose l’exploration d’un itinéraire hors sentier qui va nous mener environ 200 m au-dessus des Eaux Tortes par un cheminement que je souhaite leur faire découvrir : les Cent Dalles. Delphine et Marie-Hélène, un peu fatiguées, choisissent de rester sur le sentier et de rejoindre directement les Eaux Tortes qui ne sont plus qu’à environ 1 kilomètre. Nous les y retrouverons dans une heure pour le pique nique.
Le grès d’Annot, disposé en dalles inclinées immenses et rugueuses, offre des autoroutes pour randonneurs, de véritables rampes de lancement vers le ciel que nous allons gravir en adhérence. Rampe après rampe, plaque après plaque, dalle après dalle nous progressons vers le haut. Mes compagnons, un peu hésitants au début pour certains, se prennent au jeu et se lancent. Louna, ravie de cette excursion, devance Fabrice et Daniel et semble nous montrer le chemin. Entre les dalles nous découvrons de petites tourbières fleuries, des ruisseaux, des oasis.
Enfin, voici le sommet des dalles. Loin au Nord, le massif des Ecrins s’est révélé, le Pouzenc et ses satellites aussi. Le vue sur les Eaux Tortes est magnifique, elle évoque à la fois une Amazonie miniature et l’entrelacs des canaux de Venise. Un cheminement dans les blocs et les barres nous conduit vers la tourbière où nous retrouvons Delphine et Marie-Hélène qui ont eu le temps de découvrir le site. Notre groupe s’installe à proximité du Menhir, feuillets de grès posés verticalement et donnant la dose d’ombre souhaitée par Thierry pour sa future sieste. Justement, après le repas pris en commun et la vaisselle des gamelles effectuée par Louna, je décrète une sieste d’environ 40 minutes, ce qui ne semble pas lever d’objection particulière. Ceux qui ne dorment pas photographient les rhododendrons, lisent ou pratiquent la randonnée en libre sur le Menhir.
Les jours de juillet sont longs mais ont malgré tout une fin, il faut repartir. Je propose un retour par le Plan de Gauthier et la Gourrée, sur la rive gauche (Ouest) de la Blanche. Louna mène toujours le groupe, poursuivant de temps à autre les marmottes. D’autres fleurs sont découvertes sur ce versant, ravissant Christine qui se constitue un véritable album photo. Je me suis un peu trompé sur la durée du retour, certains souffrent un peu, et même un peu plus, mais mes compagnons sont cléments et courageux. Enfin, nous atteignons la passerelle au niveau de l’Abbaye et les fontaines d’eau fraîche. Au parking, Louna nous quitte, elle a voulu passer un moment avec nous et sortir de sa solitude, elle repart chez elle. Les Border Collie, réputés pour leur hyperactivité et leur intelligence, ont besoin d’être stimulés et ne supportent pas le repos forcé. Elle a dû reconnaître dans un groupe du CAF une garantie d’activité physique et la promesse de bonnes croûtes de fromage bio.
Le Lauzet Ubaye, Relais du Lac, est notre prochaine étape, pleine de bulles et de fraîcheur. Quelle merveille ces fleurs, ces montagnes, ces cascades, ces Cent Dalles ! Nous reviendrons rendre hommage à la beauté du Laverq, en automne ... pourquoi pas ?
Photos de T. Hedde, D. Rayne, C. Thérond, O. Devoge, F. Darbousset, C. Malservet, M. Michel, M.-H. Barra, D. Gillier et L. Trotignon
Distance : environ 20 km – Dénivelé : 1050 m – 6h00 de marche sans compter les pauses.
Approche en voiture depuis Pertuis : 180 km/2h20.





