Carnet de route

Massif du Queyras: Les balcons de Molines et le col de Bramousse
Le 21/03/2024 par Manini Michel
Ballet de raquettes dans le Queyras
-Avalanche !
L’alerte a retenti dans l’air doux et ensoleillé de Molines, un peu au-dessus de la Combe Sarrasine. Un groupe de touristes paniqués, incapables de se servir d’un DVA, s’agite, sautille et vocifère sur la neige. L’un des leurs vient d’être emporté par une belle coulée de printemps, tout cela par risque BERA 2 et dans une pente de 25°. Heureusement un groupe de Cafistes apparaît à la lisière de la forêt et commence la recherche. Le temps de faire comprendre à ces agités qu’ils ne doivent pas rester DVA en émission à proximité de l’équipe de recherche, de précieuses minutes s’écoulent. D’un œil de lynx, un Cafiste avisé repère des indices de surface et capte enfin le signal émis par le DVA de la victime présumée. Grâce aux trois antennes de son appareil dernier cri, grâce à l’entraînement régulier qu’il subit tous les automnes aux Deux Aiguilles près de Sainte Victoire, ce sauveteur anonyme finit par tracer la croix salvatrice où est plantée la sonde. Avec le doigté d’un sourcier qui capte les vibrations d’une eau souterraine furtive, le sondeur identifie un objet suspect. Les pelles entrent en action et rapidement un Mammouth est extrait de la cavité.
Fin de l’exercice. Michel regroupe tout le monde près de la bergerie et un débriefing est effectué avec l’ensemble des acteurs de cette scène. Remettre en ordre les différentes étapes, gérer le stress et la panique, rester lucide et efficace. Et ne pas oublier que même par BERA 2 et dans une pente modérée, un aléa subsiste. Une belle photo de groupe est effectuée.
Partis depuis midi des Prats Hauts, les deux équipes encadrées par Michel, Vincent, Jean-Pierre et Laurent ont traversé le Bois de Peyrola pour aller pique-niquer près de la bergerie éponyme. L’heure est bien sûre trop tardive pour monter à l’assaut de la Gardiole de l’Alp, la neige se transforme rapidement. En revanche, la fromagerie de Ville-Vieille a subi un siège en règle et plusieurs échantillons de bleu et de tomme sont étudiés lors du pique-nique. Sans oublier une fameuse gourde de meloncello.
Après l’exercice, l’après-midi est bien avancé, alors Jean-Pierre prend la tête du premier groupe qui redescend vers La Vie Sauvage, traçant de ses raquettes, dans l’adret en devers de Gaudissart, une partition sinueuse et molle. L’autre groupe emmené par Michel et Vincent suit de près et en peu de temps tout le monde se retrouve dans le sas où sèchent chaussures et chaussettes puis, séparément, sous la douche, et à nouveau regroupés, autour de bières blondes ou ambrées. Accueil, ambiance, confort, simplicité, fontaines à l’eau fraîche et pure, lumière dorée du soleil sur les charpentes en mélèze, La Vie Sauvage est un lieu hautement civilisé. Éphémère est la vie disent les cadrans solaires du Queyras, alors tous nous cueillons ces instants de vie sauvage avec un grand bonheur partagé.
Pont de Bramousse, dimanche, 9h00 du matin. Un par un, nous passons le Guil puis vérifions auprès de l’encadrant la réception puis l’émission de notre DVA. Bien qu’en ubac, le chemin permettant d’accéder au hameau de Bramousse est déneigé car à trop basse altitude. Il faut atteindre la Chapelle Notre Dame du Pontet à 1430 m pour pouvoir enfiler nos ballerines à crampons. Notre troupe forme un ballet semblable au dragon du nouvel an chinois, dont le corps se love puis se détend, par bonds et à-coups successifs, vers le haut du vallon. La tête arrive à proximité de la Chapelle Saint Jean Baptiste alors que la queue se tortille encore dans le ravin de la Gauvière. Le reptile, chenille munie de claquettes, enfin regroupé aux Chalets de Bramousse prend maintenant son élan vers le Col, à 2250 m d’altitude. Un vallon magnifique est remonté, planté de mélèzes et de pins cembros, où la couche de neige prend de plus en plus d’épaisseur. Rassemblés au col, nous admirons la vallée de Ceillac, le massif de la Font Sancte et, derrière le col Girardin, les Aiguilles de Chambeyron. Le dragon se fragmente en tronçons autonomes, chacun ouvre son sac et en tire le pique-nique bien mérité.
Compte-tenu du tournoi des Six Nations battant son plein et de l’effectif du groupe, nous aurions pu, après le repas, organiser un match de rugby (cependant sans arbitres de touche ni public). Mais les encadrants en décident autrement ; une profonde tranchée est creusée dans la neige jusqu’à atteindre le sol. La coupe d’environ 1,4 m de hauteur fait apparaître une succession de strates, depuis la surface où un processus intense de fusion se produit, puis par des alternances de couches à grains fins, de zones sans cohésion constituées de gobelets, de zones durcies compactes et sans porosité. Le profil de température montre un gradient très faible, avec environ 0.5°C au sol et 0.1 °C à mi-hauteur puis 0.4°C en surface. Michel montre comment une analyse texturale et mécanique de la neige peut être menée à l’aide de différents outils et tests. Grâce à une plaquette et à une loupe, la texture des gobelets est observée.
Au cadran du ciel, le soleil a tourné. La tranchée est rebouchée, nous chaussons à nouveau nos claquettes et chargeons nos épaules. Tel des Fremen chevauchant un ver géant sur Dune, nous descendons les vallons enneigés, les yeux pleins de la lumière épicée du Queyras.
Merci (et bravo !) à tous les participants de ce week-end, merci à Michel pour une organisation parfaite !
Merci Laurent pour le CR
Merci aux encadrants, Jean-Pierre, Vincent et Laurent.
Pour visiter l'album cliquez ici : sortie Caf du 16-17 mars 2024 dans le Queyras