Carnet de route

La Petite Céüse
Le 20/03/2023 par Laurent TROTIGNON
Le col des Guérins sépare la Montagne de Céüse (2016 m), au Nord, de sa petite sœur (1681 m) au Sud. La position de cette dernière ouvre des vues magnifiques sur le Gapençais. Depuis Sigoyer d’où nous partons, le blé est en herbe et les sommets blanchis, éblouissants, des Ecrins à l’Ubaye, semblent à la fois proches et lointains.
Notre circuit de randonnée entreprend un tour et une ascension de la montagne, en utilisant d’abord la D19 vers le Sud, sur quelques centaines de mètres depuis le centre du village. Au niveau des maison de Garnier un large chemin s’élève vers l’Ouest et nous conduit à Ravourier où, à l’écart des troubles du monde, vit un sculpteur dont nous apercevons quelques œuvres au pas de son portail. C’est ici que commence le chemin qui doit nous mener au village abandonné, mais pas oublié, de Céas. Une rude montée dans la hêtraie mène à un col marqué d’un calvaire. L’arête Sud de la montagne montre un accès direct vers le sommet mais nous préférons suivre le plan initial passant par Céas. Le chemin jusqu’ici marqué et balisé se fait maintenant discrètement cairné et traverse d’anciennes pâtures envahies par la forêt et les ronces.
Ce n’est certes pas le Machu Picchu, mais de Céas ruiné sur son piton herbeux, isolé et ensoleillé, émane un charme, l’impression d’être dans un refuge, dans un lieu où la règle est l’autarcie, où le luxe ressemble aux fleurs d’aubépine, où seules force d’âme et entente avec la nature permettent de survivre. Les falaises tithoniques de la Petite Céüse, percées de baumes profondes, dominent le hameau que nous quittons vers le Nord-Ouest. Traversant sous les aboiements d’un chevreuil le ravin de Céas, nous nous hissons au col de Bois Rien puis escaladons l’épaule Nord-Ouest de la montagne. Nous sommes arrivés au sommet des pistes désaffectées de l’ancienne station de Céüsette. Quelques plaques de neige subsistent et nous dirigeons nos pas vers le sommet. Ce dernier est défendu par un pas d’escalade facile mais un peu glissant. Seuls quelques un(e)s partent, sous ma garde vigilante, à l’assaut du sommet tandis que les autres investissent une pelouse ensoleillée. Rentrés sains et saufs, le pique nique est donné dans la bonne humeur, suivi d’une sieste face aux falaises de Céüse et aux montagnes de la Jarjatte.
La redescente sur le col des Guérins se fait via les pistes de raquettes, pistes virtuelles transformées en chemins réels, herbeux, caillouteux, boueux. Un agréable GRP nous conduit alors vers Surville puis de retour à Sigoyer. Le verre de l’amitié est ensuite pris à proximité de l’aérodrome de Tallard où pleuvent des parachutistes, impressionnant(e)s de virtuosité, réalisant en quelques minutes trois fois le dénivelé d’une journée de randonnée.
Tour et ascension de la montagne de Céüse : D+ 880m, environ 16 km.