Carnet de route
Les Alpilles : tour des Opies et oppidum Sainte-Cécile
Le 03/02/2021 par TROTIGNON Laurent
Sortie du 31 janvier 2021
Alpilles : la tour des Opies et l’oppidum Sainte Cécile
Après la pluie de samedi, le beau soleil de dimanche est inespéré. La proposition de sortie dans les Alpilles a enregistré de nombreuses demandes d’inscription et, grâce au concours de Vincent et Delphine, deux groupes ont pu être constitués. Delphine, dont c’est la première expérience de co-encadrement, est légèrement stressée. Mais pas autant que moi, en ce matin où je cherche à rassembler les 8 marcheurs qui ont rendez-vous à 7h45 au Pont de l’Arc. David, qui découvre le CAF, est en retard car il a oublié son masque. Comme il vient à pied, nous décidons d’aller le cueillir en voiture aux Facultés et c’est enfin parti !
Saint-Pierre de Vence, au Nord d’Eyguières, est notre destination. Le dernier kilomètre de piste avant le parking est criblé de flaques d’eau tellement profondes que Séverine, seule dans sa voiture, n’a pas osé s’y engager. A trois véhicules, c’est plus facile de tenter la traversée et bientôt nous retrouvons Rémy et Vincent sur l’aire de stationnement. Le vallon des Glauges, à l’extrémité Nord duquel nous nous trouvons, est depuis des temps immémoriaux un lieu de passage et de de sédentarisation de diverses communautés humaines : chasseurs-cueilleurs du Néolithique, agriculteurs de l’âge du bronze et du fer, citoyens de l’Empire romain (la voie aurélienne est toute proche), villages du Moyen-Age et aujourd’hui randonneurs du CAF d’Aix. Coïncidence remarquable, nous avons dans le groupe, en la personne de David, un archéologue, ce qui va permettre des échanges passionnants et enrichissants.
De notre point de départ, encore à l’ombre du Mont Menu à l’Est, nous admirons le massif des Opies qui baigne dans la lumière. Partis vers le Sud, les deux groupes écartés d’environ 200 m, longent dans le vallon le flanc Est des Opies puis arrivent à proximité d’une ancienne bergerie tunnel (XVIème siècle). Nous remontons maintenant un vallon vers le Nord Ouest, sous les Barres Rouges. Les touffes de globulaires en fleurs attirent nos regards, et peu à peu, gagnant de l’altitude nous découvrons, vers le Sud, la Crau, sœur caillouteuse de la Camargue que nous devinons vers l’occident. Jusqu’ici, le groupe 1 (Marie-Claude, David, Séverine, Joséphine et votre serviteur) ouvre la marche suivi par le groupe 2 (Vincent, Delphine, Rémy, Magali, Erick et Catherine). Puis, négligeant une intersection prévue dans le topo, je me trompe. Le groupe 2, dirigé par Vincent et Delphine, prend alors la tête dans la section la plus raide et la moins balisée de l’itinéraire. Les deux équipes émergent sur la crête, le vent y est sensible, la vue étourdissante. Olympe incontestable, le Ventoux domine du septentrion la Provence alors que l’espace s’ouvre en une immense fenêtre de lumière au midi. Nous rejoignons, par un parcours dans les buissons, les autres voies d’accès à la Tour des Opies et commençons à rencontrer d’autres randonneurs. Une bonne station est effectuée près de la Tour, il est encore bien trop tôt pour la pause méridienne et surtout le mistral y est vraiment fort : la tasse de thé posée près de moi est à moitié vidée par une rafale de vent !
La descente, assez raide et caillouteuse, s’effectue au Nord-Ouest sur un sentier pris d’assaut par des groupes de marcheurs de plus en plus nombreux : la voie d’Aureille est très fréquentée ! Au petit col coté 344 m sur la carte IGN, nous trouvons un bon endroit pour la pause méridienne, abrité du vent, ensoleillé et offrant des possibilités intéressantes pour la sieste. Les deux groupes, chacun installé dans son camp, échangent néanmoins quelques carrés de chocolat selon un protocole courtois et sanitairement irréprochable. Le groupe 2 gagne le concours de sieste haut la main et c’est bien grâce au groupe 1 que la randonnée peut reprendre avant la fin de l’après-midi.
Descendant le Val de Lègues, nous arrivons maintenant dans le vallon à hauteur des vestiges d’une ancienne villa romaine. Les murs enchâssés dans la terre agricole racontent l’histoire d’une véritable hacienda, munie de thermes, d’un moulin à olives et de plusieurs dépendances. La pax romana a-t-elle ainsi permis aux habitants de l’oppidum de vivre en agriculteurs bourgeois ? David nous explique comment vivaient ces communautés anciennes, depuis l’âge des premières meules en pierre manœuvrées à la main (par des femmes, ainsi qu’en atteste l’étude des genoux et articulations des restes humains) jusqu’au Moyen-Age, époque fertile en innovations technologiques.
Il est encore tôt et nous allons maintenant faire l’ascension du Mont Menu, abritant sur son flanc Nord l’oppidum Sainte Cécile, enfoui dans la forêt d’yeuse. Repassant devant les voitures, nous montons vers l’Est puis obliquons vers le Sud en direction de la falaise. Le chemin humide et raide nous conduit à un porche, l’entrée du tunnel Saint-Cerf, voie d’accès à la citadelle. Le boyau rocheux d’abord haut et large se réduit en hauteur et en largeur, nécessitant reptation et travail de ver dans le gruyère calcaire alvéolé . Heureusement le sol de la baume est sec, et nous rejoignons prudemment la vire de sortie, un peu exposée. D’oppidum point de trace, tel une citadelle maya, il a été absorbé par la forêt … Nous arrivons au sommet (306 m), une vue exceptionnelle sur le vallon des Glauges et les Opies nous est offerte. La lumière qui baigne ce carrefour entre Alpes et Méditerranée est celle de Van Gogh, de Cézanne, elle nous remplit de joie, ce temple du soleil remplacera l’oppidum évanoui.
Distance parcourue : 11 km (durée non représentative), dénivelé : environ 600 m.
Sur l’oppidum Sainte-Cécile et Saint-Pierre de Vence (merci à Marie-Claude pour la recherche !) :
Poguet Michel, Pelletier Jean-Pierre, Marcadal Yves. Saint-Pierre 2 (Eyguières, Bouches-du-Rhône) : un vicus des Ier-IIe s.
ap. J.-C. ?. In: Revue archéologique de Narbonnaise, tome 35, 2002. pp. 157-162;
doi : https://doi.org/10.3406/ran.2002.1101
https://www.persee.fr/doc/ran_0557-7705_2002_num_35_1_1101
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