Carnet de route

Galette des Rois et vastes horizons
Le 22/01/2023 par Laurent TROTIGNON
Christine, Pamela, Cathy, Monique, Marie-Claude, Delphine, Céline, Isabelle, Marie-Hélène, Stéphanie, Nathalie, Delia et Laurent. Un homme et douze femmes. What else ? Côté galettes la parité est mieux respectée : deux couronnes des rois et deux frangipanes.
Mais la couronne de l’énergie revient à l’impétueuse Monique. Partis en convoi de Pertuis vers 7h30, je la vois soudain nous dépasser tel un météore. Logiquement, nous ne la retrouvons pas comme convenu au péage de Sisteron-Sud. Où peut-elle être ? Grâce à un coup de téléphone vers le Yéti disparu, tout s’explique : Monique a suivi d’instinct un véhicule semblable au mien. Entraînée au-delà de Sisteron dans le sillage de ce chauffard, elle finit par comprendre sa méprise au moment où, lancée à 100 km/h sur une départementale, je l’appelle. Les trois caravelles de l’expédition mettent maintenant le cap vers Saint-Vincent sur Jabron, où enfin rassemblées elles gravissent le chemin escarpé menant au hameau d’Aubard.
Au soleil qui vient d’émerger derrière Lure, nous commençons notre randonnée en mettant à la découpe la première couronne. Cela nous donnera des forces et allégera d’autant les sacs. Enfin en marche, nous traversons le hameau où réside le Centre International Vlady Stévanovitch, spécialisé dans l’Art du Chi, Taï Ji Quan et Qi Gong. A part deux molosses placides et quelques ânes, nous ne croisons personne et commençons la montée vers le col de Verdun. Mais voilà à ce premier embranchement un funeste panneau : chasse en cours, risque de traversée de gibier. Ne souhaitant pas prendre de risques, nous observons la configuration du terrain. A priori, la chasse doit se dérouler dans une zone à l’écart de notre trace. Je sors le sifflet et nous avançons à découvert sur la piste. Peu de temps après, nous passons le parking des chasseurs et je signale notre présence par de vigoureux coups de sifflets. Enfin sortis de la zone de contact, nous filons plein Nord vers le col où s’ouvre une vue vers le Dévoluy et Céüse enneigés.
La prévision météo a tellement changé depuis 5 jours que nous avons tous pris des précautions. Les sacs sont gonflés de doudounes, de bonnets, de gants. Pour le moment, le vent est faible mais rapidement Eole gonfle les voiles et nous serons tous contents, une fois sur la crête, d’avoir prévu qu’on est encore en hiver au mois de janvier.
Le sommet de la montagne de Mare est une vaste prairie ondulée, bordée de petites barres rocheuses. Dans l’axe de l’échine se profilent à l’horizon l’Estrop, le Couard et les montagnes de Dignes. Une baisse sur la crête de Lure encadre Sainte Victoire et derrière les brumes lointaines se devinent l’Etoile et le Pilon du Roi.
Un vent de Nord-Ouest, telle est notre chance. Sous une barre rocheuse, face à la vallée du Jabron, nous installons la pause méridienne. Delphine a apporté son réchaud de poche et cuisine sous nos yeux ébahis un goulasch au riz. Puis vient la mise en pièces des galettes, sacrifice rituel où chacun absorbe une part de la lumière enfermée dans les croûtes dorées, suivi de la non moins païenne et traditionnelle sieste du randonneur.
Repartis sur le dos de la montagne, nous filons bon train vers le col Saint Pierre raflant au passage le point culminant (1622 m). De rares plaquettes de neige ont échappé au soleil. Sur la descente vers le col, la trace est plus difficile à trouver (la carte est visiblement fausse) et nous devons traverser un sous-bois à l’estime pour enfin déboucher sur notre objectif. Lors de ce regroupement, nous rencontrons un jeune VTTiste revenant d’une séance observation in situ des vautours nichant au dessus de Saint Vincent. Il a vu les oiseaux revenir au nid, le cou rougi de sang, prêts à donner la becquée aux poussins.
Nous suivons maintenant le GR946, à l’abri de la montagne. Le plafond du ciel baisse, la pluie approche. Et nous voici maintenant à Sisteron, au chaud dans une brasserie, où des clients attendent le retour victorieux de leur équipe de foot. Ainsi se termine cette aventure dans les Basses-Alpes, dans la vallée du Jabron où planent les vautours, paissent les moutons et poussent les lavandes sauvages.
Informations sur la randonnée :
Environ 15 km/800m de D+. La route entre Saint Vincent et Aubard est en mauvais état et très étroite.