Carnet de route
Rocher de Roquebrune sur Argens
Le 19/01/2025 par GILLIER DELPHINE
La clé d’une bonne sortie CAF se trouve dans la préparation, gage de sécurité, de fluidité et de sérénité pour le groupe et l’encadrant. J’avais donc préparé cette randonnée très fréquentée de manière classique sans me douter que randonner dans ce secteur très urbanisé et très commenté (plusieurs traces gpx) aurait nécessité une reconnaissance approfondie pour réellement profiter des lieux.
Notre sortie au rocher de Roquebrune sur Argens a ainsi plutôt ressemblé à la pièce Ô les beaux jours de Samuel Becket dont il disait que « L’interruption est une des clefs de la pièce. Quelque chose commence, puis autre chose. Elle commence mais ne va pas jusqu’au bout ».
Au départ du chemin et sur une partie de la montée, le jaune des mimosas en retard de floraison, la douceur de la lumière et de la température varoises nous stimulent. Le groupe est heureux de se retrouver en ce dimanche de janvier et il est bon sentir ses muscles s’échauffer doucement.
La montée aux Trois Croix qui dominent le village de Roquebrune sur Argens et offre une très belle vue sur l’Esterel et les Alpes Maritimes se déroule sans problème et les 12 membres du groupe ont tous le pied stable même dans les parties les plus rocailleuses et équipées. Nous laissons par sécurité les itinéraires les plus escarpés pour rester sur le GR. Je note, toutefois, qu’une sortie randonnée alpine et géologie pourrait être proposée pour profiter davantage du terrain.
Malgré une météo chagrine, nous admirons la couleur des rochers et leurs formes parfois « évocatrices ». Différentes grottes ont aussi jadis hébergé nos ancêtres et jusqu’à récemment deux ermites qui tour à tour ont choisi d’abandonner cet espace trop fréquenté par des randonneurs intrigué de leur choix.
Après une descente entre les rochers, nous traversons une végétation plus rase et des dalles plaisantes à nos pas assurés en surplomb d’une autoroute assez chargée et nous comprenons que le dernier ermite ait rapidement déserté ces lieux.
Nous décidons de tenter la traversée du Saint Trou dont l’entrée indiquée sur mon topo n’est pas facile à trouver. Mais nous avons le temps, la dégradation météo est attendue pour 17h et nous estimons tous être des âmes suffisamment pures (seule condition imposée pour cette traversée) : Laurent, Christine et Céline s’aventurent dans les sous-bois parmi les blocs de rochers dans une forêt digne de celle de Brocéliande, nous nous attendons à voir surgir des elfes à tout moment.
L’entrée trouvée dévoile un itinéraire magique dans une sorte de cathédrale de pierres. Le Saint Trou s’est, en effet, créé de manière naturelle après de multiples mouvements de cette faille grandiose et permet de la traverser de part en part.
Nos lampes frontales éclairent un chemin chaotique, ouvert par Laurent qui explore au fur et à mesure ce dédale. L’avancée à douze est ralentie par notre méconnaissance et la difficulté des lieux. Nous perdons du temps sur la partie la plus rétrécie où Laurent mesure que sa taille n’est pas toujours un avantage, reste bloqué au niveau de la taille et ne parviens à sortir du trou seul. Thierry et Yves l’aident à se hisser hors du trou. Nous renonçons avant de prendre plus de risques tandis que l’heure a tourné. Nous ironisons sur le manque de pureté de nos âmes mais le cœur n’y est plus et nous sommes heureux de retrouver le plafond du ciel même si entre temps, il est devenu menaçant.
Nous visitons rapidement les lieux proches chargés d’histoire et de piété malheureusement sacrifiés à l’ère de l’urbanisation. Nous rencontrons quelques enfants accompagnés de leurs pères en tenue chevaleresque, qui tels des gardiens du temples et des souvenirs transmettent sous forme de jeu de rôle leur amour et leur connaissance de ces rochers.
Nous regagnons les voitures par la route sous la pluie qui s’est manifestée à l’heure dite. Sans demander notre reste, nous rentrons en empruntant cet A8 qui peu de temps peu de temps auparavant ressemblait à un monstre et en contribuant au mouvement incessant des humains perturbateurs de leur environnement.
Submergée par un sentiment de culpabilité que je connais bien, je mets de côté pour un temps le débrieffing que j'ai fait et partagé depuis bien sûr.
