Carnet de route

Mercantour - un week-end très formateur
Le 04/10/2025 par Riccardo Macri
La saison d'alpi se termine en ce mois de septembre 2025, et le Caf organise deux week-ends, annoncés dés l'été : un dans le Mercantour chapeauté par Francois et Pascal, et l'autre dans l'Ubaye au pied de la fameuse Aiguille Pierre-André, organisé par Baptiste. M'étant déjà inscrit à celui de Baptiste, Francois décide d'attiser le feu sacré de l'aventure début septembre, en décrivant les alentours du chalet du Caf de la Madone de Fenestre. C'est un des hauts lieux de l'alpinisme des Alpes du Sud et pas que : " ... rocher presque parfait ... innombrables voies equipées et en terrain d'adventure ..." la tentation prend le dessus, je m'inscris ...
La météo s'annonce trés bonne jusqu'à dimanche. Le rendez-vous est fixé au chalet de la Madone au plus tard vendredi à midi pour profiter au maximum. Huit alpinistes sont en jeu. Francois et Pascal les sénateurs de la section alpi du Caf sont déjà montés au refuge dès le jeudi. Ludo et Xosé sont sur la route au chant du coq. Marc et moi peu aprés depuis Aix, suivis par Cécile et Michele.
Il faut avouer que la route est plus facile que pour nos aimés Ecrins, en deux heures et demie nous sommes déjà à Saint Martin Vésubie, il ne nous reste plus qu'à monter dans la vallée qui se termine au hameau de la Madone. Une église, le chalet du Caf, un hotel jadis refuge pour les pélerins, une poignée de maisons et une vacherie complètent le cadre.
Le sanctuaire de la Madone de Fenestre est au coeur d'un majestueux amphithéâtre alpin, dominé par le géant local, le Gélas. Cet ancien sanctuaire doit son nom à une ouverture sur des sommets qui le dominent, le Grand Caïre, oú l'érosion du rocher a créé une fenêtre dans la montagne. La Madone serait apparue à un berger, dans ce petit cadre naturel de voûte céleste, à l'époque romaine.
Tous les sommets sont à portée de vue et le panorama est magnifique : le Gelas, l'arête de Saint Robert, le Petit et le Grand Caïre, énormement des courses peuvent être suivies aux jumelles depuis le refuge.
Nous nous retrouvons tous vers 13h, et les cordées se "dispatchent" rapidement entre sommets, arêtes et autres. Avec Marc nous décidons de commencer en douceur sur la face sud du Petit Caïre. C'est un des principaux sommets, et une échappatoire est envisageable pour ne pas arriver en retard pour la soupe de 19h ! Echappatoire qui sera utilisée d'ailleurs.
Ce qui est trés évident dans ce terrain de jeu est bien l'érosion de la montagne par les agents naturels, les éboulis en sont témoins, nombreux et trés vastes. L'érosion a façonné le rocher en plusieurs formes qui font la joie des alpinistes : les arêtes de Saint Robert, les deux Caïres avec leurs éperons, leurs crêtes, leurs failles, des pentes herbeuses trés raides, le cirque glaciaire du mont Neiglier entouré de nombreux et imposants gendarmes, et aussi les ombilics, zones de surcreusement glaciaire, qui ont donné vie à la formation de la baisse de 5 lacs qui sera notre terrain de jeu du lendemain.
A 19h tout le monde est à la soupe et les projets pour la grande journée de samedi ne tardent pas : les plus aguerris Ludo et Xosé choisissent l'enchaînement du Petit et Grand Caïre, suivis par les Arêtes de Caïre Barrel pour finir en beauté sur le mont Ponset. C'est une course d'ampleur pour laquelle minimum 10h d'escalade sont requises. De mon côté, je décide d'accompagner François sur un coin pas encore exploré, le versant sud de la pointe Saint André au dessus de la baisse des 5 lacs. Le reste du peloton entame la longue course des arêtes de Saint Robert. Pour François et moi, la course est une promenade de santé. L'approche est trés agréable, la voie facile et le retour se fait par rappel plus descente à pied. Nous aurons le temps pour quelques clichés à côté des lacs. Le rocher est bon de partout, les moyens de protéger la voie, l'Eperon Sud, sont nombreux et faciles, le topo est plutôt clair. Du sommet nous apercevons une baie de la trés proche mer Méditerranée. Nous faisons retour bien avant l'heure prévue, mais pas trop longtemps aprés, nous apercevrons Ludo et Xosé de retour de leur longue course. Ils seront félicités par François : au total presque 12h pour un total de 24 longueurs enchaînées, c'est un très bel exploit ! Les autres collègues arriveront plus tard, en vrac dans la soirée, la course ayant nécessité plus de temps que prévu, surtout pour la descente. Un bon repas chaud nous attend au refuge, quelques paroles pour remercier les gardiens, toujours disponibles et bienveillants, qui s'occupent de restaurer les alpinistes, les randonneurs et plus en général toutes les personnes qui fréquentent ce lieu.
La dernière journée de ce beau tryptique est celle où il ne faut pas tarder à rentrer, la météo prévoit une entrée de sud-est avant le déchaînement des orages. Nous n'y aurons heureusement droit qu'au sec dans nos voitures, sur l'autoroute.
La face ouest du petit Caïre défie Marc et moi-même. Si l'escalade y est spectaculaire et physique, les points de protections sont au rendez-vous dans les passages les plus athlétiques, et sans trop fatiguer nous arrivons au sommet pour casser la croûte. Il nous faudra un peu d'exploration de la cîme et des différents versants du sommet pour localiser le rappel qui nous emmenera en sécurité vers le refuge. A notre arrivée au camp de base, le reste de la troupe est déjà parti. Il ne nous reste plus qu'à ranger notre matériel dans la voiture et partir affronter la météo, très mauvaise comme annoncé. Mais les réflexions et les discussions autour de ces 3 jours permettront d'alléger le temps du retour.
Une autre petite aventure se termine, merci au Caf et ses encandrants pour cette belle rentrée alpi.
Riccardo.M
François à la sortie de l'Eperon sud de la Pointe Saint André, ou presque
Le grand enchaînement de Ludo et Xose, l'intégrale des arêtes. Photo de Ludo
Prise de vue spectaculaire de la grande course de dimanche, Xosé à l'affiche, photo de Ludo
Marc en action sur le Petit Caïre