Carnet de route
Lever de Soleil au Pic des Mouches
Le 15/12/2018 par TROTIGNON Laurent
La météo nous gouverne. Celle du dimanche étant exécrable, la sortie proposée pour observer le lever de soleil a été décalée au samedi où les conditions sont en revanche idéales. Mais nous ne sommes que trois, Isabelle, Patrick et votre serviteur, à nous retrouver au Parking des Trois Bon Dieux à 5h45, seuls rescapés de ce changement de date. Une des premières journées vraiment froide de l’automne : -6°C au Col des Portes, cela va faire tomber, à Aix, les dernières feuilles des platanes et des micocouliers.
Tout commence dans le noir, à la frontale. La Lune au premier quartier s’est couchée et Vénus resplendit au Sud-Est. A l’oratoire de Malivert, l’aube entre dans sa période bleue, ourlée d’un mince liséré ocre à l’horizon. Une étoile filante nous salue.
Nous gravissons maintenant la crête qui escalade en pente douce le flanc Est du Pic des Mouches. Le vent, qui d’habitude parcourt vigoureusement ces lieux, est faible. Nous pouvons bientôt éteindre les frontales. Le point du jour est dans sa période grise, couleur dans laquelle se dessine le cadastre givré de la vallée de l’Arc, alors que le ciel jaunit à l’horizon. Table d’orientation, girouette, recoin à l’abri du vent, le Pic des Mouches ne peut s’empêcher de nous servir un gentil courant d’air venu des Alpes. C’est le moment d’ouvrir les thermos, faute de coussin, je m’assois sur mes gants. Isabelle et Patrick prennent aussi leurs dispositions, finalement nous sommes fort bien installés. D’autant plus que des Cookies et des pâtes de coing font leur apparition !
La période rose commence, grâce aux nuages élevés qui se trouvent à l’Ouest et au Nord du Bau des Vespres. Du Mont Ventoux à l’Etang de Berre, il semblerait qu’une gerbe de plasma se soit échappée du ventre d’ITER. Cela est très fugace car, là-bas tout s’accélère : la barre de nuage à l’horizon devient localement pourpre. Une fente horizontale est dégagée entre les montagnes et les nuées : c’est là que le Soleil a décidé de se montrer, calotte incandescente puis lingot ou tonneau de feu, puis à nouveau calotte, et éclipse dans les nuages. L’incendie est déclaré au sommet des nuées. Au petit lever succède le grand, celui qui réchauffe le cœur des courtisans d’un roi absolu. D’autres merveilles nous attendent côté Nord : c’est l’heure où le Massif des Ecrins s’illumine, c’est aussi ce moment très fugace où l’ombre du Pic des Mouches se projette comme un spectre dans les brumes de la Durance. Le spectacle est terminé ? Non, pas du tout, il ne fait que commencer, le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui !
Dix spéléologues lourdement chargés sont en route pour le gouffre Bataille. Nous les croisons en redescendant. Ils ont identifié un nouveau passage à explorer, par où la rivière souterraine s’échappe. Ca canarde méchamment vers la Keyrie et le Sambuc, voici le col des Portes, la boucle est bouclée.
Informations :
Montée par l’oratoire de Malivert : 4,6 km – 1h15, D+ = 400 m. Se trouver au Pic des Mouches trente minutes avant le lever du Soleil. Prévoir un plaid et un coussin.
