Carnet de route
Boucle à Boules
Sortie : du
Le 29/04/2019 par TROTIGNON Laurent
Nous venons d’arriver à Tercier (1320 m) par la piste de terre qui monte depuis Prads. Immédiatement, un vent froid, amplifié et canalisé par la vallée de l’Aune, nous saisit. La météo ne s’était pas trompée. Au loin, tel un Mont Chauve émerge la Montagne de Boules (2390 m) couverte de neige à partir de 2000 m d’altitude. Le ciel est voilé. Alors que nous nous équipons, buvons un café accompagné des madeleines que Maurice a apportées, nous évaluons la nécessité et la possibilité d’un plan B. Avons-nous tous des guêtres ? Non. Des vêtements chauds ? Oui. Une forme excellente ? Pas sûr. Nadine, qui consulte la carte par-dessus mon épaule, désigne alors un tracé PR qui effectue le tour de la Montagne du Carton. Ce parcours emprunte jusqu’au col de la Baisse le circuit que j’avais initialement proposé. Ce plan B (ou encore « plan Nadine ») recueille l’assentiment du groupe et de l’encadrant.
Heureusement la marche réchauffe et, lorsque nous atteignons la cabane de la Baisse (1700 m), l’impression de froid s’estompe. De plus le vent est moins agressif et le ciel s’est franchement éclairci. Nous voyons de partout des crocus en fleurs, nous revenons à des sensations printanières. Je propose alors de tenter quand même l’ascension de la Montagne de Boules, quitte à rebrousser chemin. L’itinéraire suivi rejoint l’arête Nord-Ouest de la montagne vers 1900 m d’altitude et j’ai l’espoir que la neige sera d’assez bonne qualité pour nous permettre de progresser sans effort. Le groupe convient qu’il serait dommage de ne pas essayer et d’ailleurs le vent faiblit de plus en plus à mesure que nous montons dans la forêt de mélèzes. Les premiers névés traversés donnent une bonne impression de neige dense et croustillante, la semelle crantée y imprime discrètement une marque suffisante pour tenir, même dans les passages un peu raides. Partout nous observons des traces du passage de mouflons et de chamois. Vers 1950 m se présente un replat où nous pouvons faire une pause. Le paysage est magnifique, sommets enneigés, vallées où les forêts verdissent.
C’est à partir de ce point que les choses se corsent. La neige devient épaisse mais présente une structure piégeuse : sous une croûte gelée d’environ 10 cm d’épaisseur se trouve parfois plus d’un mètre de neige molle. La croûte supporte le passage de 2 ou 3 marcheurs, puis probablement fragilisée, elle cède au quatrième passage, quel que soit le poids du passager. Eric et Maurice se trouvent piégés dans des fondrières, parfois en posture périlleuse. Delphine, Cathy, Nadine et Christine, plus légères, ne sont pas en situation moins précaire. Des blocs rocheux se cachent sous la neige, le risque d’entorse devient évident, Gérard fait également une mauvaise chute. Il est donc décidé de revenir en arrière au col de la Baisse. Plutôt que de faire un carton à la Montagne de Boules, faisons le tour de la Montagne du Carton !
L’heure ayant tourné, nous faisons la pause méridienne au col de la Baisse, havre confortable, herbeux et fleuri. Le « plan Nadine » va donc être suivi avec quelques variantes permettant de raccourcir cette boucle assez ample dont le parcours normal se fait en 8 h pour 1150 m de dénivelé. Il est 14 h lorsque nous repartons du col de la Baisse. Le sentier passe en versant Sud, il descend vers Chavailles. Les vues sur la Montagne de Boules et sur la Montagne du Cheval Blanc sont magnifiques. Grâce à des pistes forestières et au concours d’Iphigénie que Maurice et Eric convoquent régulièrement, nous progressons rapidement de clairière en hameau, à travers le couvert de pins noirs et de chênes. Des cerisiers en fleurs sont aussi rencontrés et Eric nous relate son récent voyage au Japon au moment de Hanami. La Montagne du Cheval Blanc sera aujourd’hui notre Mont Fuji, des liens subtils, inscrits dans la neige et les fleurs du printemps, s’établissent entre les Basses-Alpes et le Japon.
Voici enfin Tercier, le gros bloc qui nous a gênés ce matin, et qui encombre toujours la piste, est poussé, le vent nous soule toujours mais en fin de compte le « plan Nadine » a abouti. Au loin, la Montagne de Boules reste inaccessible, nous reviendrons !
A Prads, il est conseillé d’aller à l’Auberge des Trois Evêchés, nous y sommes très bien accueillis par la patronne pour prendre quelques rafraichissements à bulles.
Distance : environ 18 km. Dénivelé : environ 850 m. Horaire : 7 h de marche effective.
Photographies: G. Croce, M. Perret, L. Trotignon





