Carnet de route
Salutations au soleil et à la neige d'automne
Le 13/10/2021 par TROTIGNON Laurent
Le projet d’un week-end combinant randonnée et yoga, imaginé avec Clara et Delphine il y plusieurs mois, se concrétise enfin : les participants convergent vers le parking du Pont des Oules, au pied de la cascade qui jaillit sous Dormillouse. Au groupe venu d’Aix, Olivier, Clara, Priscille, Delphine, Bruno, Arthur, Daniel, Christine et votre serviteur, se joint José venu directement de Seyne les Alpes.
La montée au Gîte de l’Ecole se fait en quarante minutes par un large sentier damé, autorisé à des chenillettes autotractées. Ces mulets à essence permettent aux habitants de Dormillouse de monter les charges au village. Nous y verrons cependant des ânes en bonne et due forme, soulagés et détendus de n’avoir rien à porter.
Malgré les regroupements effectués sur ce court trajet, je réussis à perdre quatre personnes du groupe, dont Clara, et je crains un instant qu’elles ne soient toutes tombées dans le torrent de Chichin. Mais tout le monde se retrouve enfin au gîte et ce retard imprévu décale de façon fort opportune le planning : le pique-nique se tient au soleil sur la terrasse de l’ancienne école, face au Pic de Rochelaire. C’est donc le sac léger que nous partons explorer le vallon de Chichin. Le fort épisode pluvio-orageux de la semaine dernière a couvert de neige les sommets environnants, jusqu’à environ 2700 m d’altitude. Les cascades coulent à flot et cela laisse augurer, si le froid s’installe dans les prochaines semaines, de belles chandelles de glace dans le vallon du Fournel, voisin du nôtre.
Nous arrivons, après avoir franchi un verrou rocheux, à une esplanade herbeuse où il est décidé, faisant foin des tapis de sol laissés au gîte, de tenir la séance de yoga. Un cercle est formé au pied des sommets enneigés et de la cascade du torrent de Roubin, au moment même où une éclaircie ouvre le passage aux rayons du soleil. Le Clot de Chichin devient pour une heure et demie le shala de Clara qui nous enseigne l’empire de la gravitation et du souffle, l’étirement de l’âme et du corps, les respirations antérieures et postérieures. Salutations au soleil, murmure de la cascade, picotements des herbes sous les pieds, chien debout la tête en bas, chant d’un oiseau, cobra qui se dresse, éboulement dans un couloir d’avalanches, ouvrir le cœur, fermer les yeux, écarter les orteils, … Un calme immense, la montagne nous accueille. Au-dessus du vallon, très haut, se dresse la coupole blanchie du Grand Pinier.
Paul et Sarah, les propriétaires du gîte, préparent le dîner tandis que nous discutons au coin du poêle. Priscille, peu entraînée, pense qu’elle n’est pas assez en forme pour l’ascension du Grand Pinier et préfère rester se reposer au gîte.
A 6h10 du matin, malgré quelques brumes, le ciel fait une part belle aux étoiles et il ne gèle pas. Le départ à 7h00 se fait, heure d’été oblige, à la frontale. Traversant la forêt de mélèzes en direction du lac Palluel, nous dérangeons quelques sangliers et émergeons dans les alpages. Les hauts sommets sont déjà au soleil, l’ombre reflue et une première pause est prise alors que la lumière vient de nous rattraper vers 2200 m d’altitude. L’horizon est bien dégagé à l’Est où apparaissent le Mont Viso et le Grand Rochebrune. Le lac où nous arrivons peu après est immobile, comme en méditation. La trace, bien cairnée, file vers l’Ouest en longeant la rive Nord du lac et rejoint un col (2716 m) permettant de prendre pied sur l’arête Nord-Est du Grand Pinier. A partir de ce point, la neige couvre presque entièrement les éboulis, seuls les plus gros blocs émergent. La couche d’abord ferme et transformée, portante, facilite la progression jusqu’à environ 2900 m d’altitude où elle devient légèrement croûtée et pulvérulente, travaillée par le vent, piégeuse. Notre progression ralentit nettement et ce n’est qu’à midi que nous arrivons au sommet (3117 m), dans une bise mordante. Les grands sommets du Massif des Ecrins sont tout proches, une mer de nuage couvre le Serre-Ponçon et le Gapençais.
La descente, que certains craignaient, se passe sans difficulté et nous pouvons enfin pique-niquer et nous reposer au chaud et au sec, de retour sur le versant Sud du col 2716 m. Du lac Palluel nous basculons vers le lac Faravel tandis que le soleil avance dans sa course puis revenons vers Dormillouse à travers les alpages et la forêt, où nous retrouvons Priscille qui a pu vaquer à sa guise dans le village et siester tranquillement. Ce n’est que 11 h après l’allumage des frontales ce matin que nous retrouvons les voitures au pied de la cascade dont le débit impressionnant n’a pas faibli.
Merci à Clara pour le cours de yoga en pleine nature, salutations à la montagne si belle en octobre !
Informations pratiques
Samedi : Clot de Chichin, environ 7km/600 m de D+ depuis le parking et retour au gîte
Dimanche : le Grand Pinier et les lacs, environ 17 km/1530 m de D+ et 1830 m de D-.
Gîte de l’Ecole à Dormillouse (demi-pension 55 € ; une bonne adresse dans un site remarquable).





